AFP Newsletter - Summer 2020 FRENCH

6 Association Canadienne des pensionnés et rentiers militaires Numéro #35 • Été 2020 intégrant pleinement les Canadiens et les Américains entre eux jusqu’au niveau du peloton. Nombreux sont ceux qui ont accepté avec empresse- ment dès le départ que leurs tâches devaient être essentiellement des missions suicides. L’unité était à l’origine destinée à des attaques clandestines contre des installations hydroélectriques en Nor- vège et les champs pétrolifères de Rou- manie, mais elle est surtout connue pour ses exploits en Italie pendant les campagnes de l’hiver et du printemps 1943-44. Spécialisée dans les combats de nuit comportant des attaques-sur- prises derrière les lignes ennemies, la première mission de la Brigade a été l’assaut d’un sommet montagneux essentiel - le Monte la Difensa - la porte d’entrée de la vallée du Liri et permettant une approche directe vers Rome. Après une attaque sous une pluie glaciale contre un ennemi alle- mand fanatique et hautement qualifié, la Brigade a réalisé en deux heures ce que des unités alliées dix fois plus nombreuses n’avaient pas réussi à faire en un mois de combats acharnés. (Ils ont improvisé en utilisant des préser- vatifs pour garder les canons au sec sous la pluie). Leur mission suivante consistait à lancer un assaut éclair sur les mon- tagnes enneigées pour s’emparer de Monte Cassino. Une fois de plus, leur entraînement soutenu, leur sens du courage et leur superbe condition physique leur ont permis de remporter la victoire. Puis vint la tête de pont d’Anzio, où les forces alliées s’étaient embourbé et avaient dû faire face à la résistance acharnée de certaines des meilleures forces terrestres allemandes. La Bri- gade du diable a été précipitée dans la mêlée afin d’éviter un désastre com- plet. Réduits à un millier d’hommes à peine en raison des lourdes pertes subies lors des batailles précédentes, ils tenaient la ligne sur le canal Mus- solini et tout le flanc droit de la tête de pont des Alliés. Lourdement dépassés en nombre, ils lancèrent des raids nocturnes offensifs, mais silencieux, utilisant principalement leurs poi- gnards contre l’ennemi et laissant leur insigne rouge en forme de fer de lance comme carte de visite et portant le sinistre message en allemand - « Le pire est encore à venir ». L’unité était d’abord officieusement connue sous le nom des Braves. L’écus- son d’épaule rouge en forme de fer de lance a été choisi avec ce nom à l’esprit. Le colonel David Hackworth, soldat américain largement décoré et histo- rien militaire, a décrit leur technique comme « le fait de frapper les Alle- mands là où ça fait le plus mal, der- rière leurs lignes, et de perfectionner essentiellement les mêmes techniques de raids éclair qui sont devenues la norme pour les unités de Rangers, de Raiders et de Forces spéciales pendant les guerres de Corée et du Vietnam ». Leurs tactiques étaient si efficaces qu’ils furent connus des Allemands nazis sous le nom de « Schwarzer Teufel » - Les « Diables noirs ». Un message trouvé sur un prisonnier de guerre allemand indiquait qu’ils « combattraient une force d’élite cana- do-américaine. Ils sont sournois, impitoyables et rusés. Vous ne pouvez pas vous permettre de relâcher votre vigilance ». La désignation « noir » est sans doute inspirée par le fait qu’ils s’enduisaient le visage de cirage à chaussures pour faciliter les combats de nuit. Les Diables noirs, qui ont retrouvé leurs forces initiales grâce à de nouveaux volontaires, ont ensuite été le fer de lance de l’attaque sur Rome, où ils sont devenus l’une des premières armées of- fensives à prendre cette ville légendaire en 15 siècles. Ils ont été spécifiquement désignés pour capturer sept ponts afin d’empêcher leur démolition. Les exploits extraordinaires que cette unité unique ont accompli en Italie a rapidement été éclipsé par le débarquement du jour J. Après avoir joué un rôle complémentaire lors d’une attaque amphibie sur les îles d’Hyères au large du sud de la France, en sur- prenant et en défaisant les Allemands, puis en libérant des villes et des villag- es le long de la frontière franco-itali- enne, ils se sont peu à peu effacés du devant de la scène. En décembre 1944, une combinaison de volonté politique et d’une nouvelle stratégie militaire entraîne la dissolu- tion de la Première Force. Les Améric- ains et les Canadiens de la Brigade qui avaient survécu ont servi de relève dans les divisions aéroportées alliées. Com- me les troupes conscrites au Canada ne pouvaient pas quitter le pays - un com- promis de Mackenzie King - le Canada avait désespérément besoin de recon- stituer ses forces de combat en Europe. À cette époque, les unités de comman- do étaient considérées comme moins essentielles, les troupes blindées alliées se déplaçant rapidement et fonçant tête baissée vers Berlin. Le groupe d’élite n’a pas été épargné par les embrouilles bureaucratiques mesquines. Bien que pleinement intégrés dans la Brigade, les membres étaient payés en fonction de leur na- tionalité. Un sergent canadien était payé le même montant qu’un simple soldat américain, car, comme l’a expliqué un fonctionnaire, « un Canadien demeure un Canadien! » Pour contrebalancer diable... Suite de la page 5 A Poster for the 1968 movie, The Devil’s Brigade, starring William Holden, Cliff Robertson and Vince Edwards, which was based on the exploits of the First Special Service Force. POSTMEDIA NEWS

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